Parler de la mort : un tabou bien français ?



Parler de la mort : un tabou bien français ?
En France, la mort reste un sujet qu’on évite soigneusement. Ce n’est pas qu’elle n’existe pas, bien au contraire : elle est là, tapie dans les recoins de nos vies, surgissant à travers une maladie, un accident, la perte d’un proche. Pourtant, on la cache, on la tait.
Selon une étude IFOP parue en 2023, 88 % des Français déclarent avoir peur de la mort. Ce chiffre dit tout : nous vivons dans une société qui a du mal à regarder la finitude en face.
Mais pourquoi ce silence autour de la mort ? Pourquoi, alors qu’elle est universelle, fait-elle l’objet d’un tel malaise collectif ? Explorons ce tabou très occidental.
La "mort interdite" : quand la mort devient invisible
L’historien Philippe Ariès, spécialiste des attitudes face à la mort, parlait dès les années 1970 d’une “mort interdite”. Selon lui, les sociétés occidentales, et en particulier la France, ont progressivement évacué la mort du quotidien.
Là où, autrefois, on mourait chez soi, entouré des siens, dans un cadre familier, la mort est aujourd’hui déplacée dans l’univers médical : hôpitaux, maisons de retraite, soins palliatifs. Ce glissement a eu un effet paradoxal : plus on maîtrise médicalement la fin de vie, plus elle devient abstraite socialement.
Une perte de repères collectifs
Autre facteur : la perte de rituels communs. Autrefois, la religion, la famille, les traditions structuraient notre rapport à la mort. Il y avait des mots, des gestes, des temps pour le deuil. Aujourd’hui, dans une société plus individualiste, ces repères se sont estompés.
Résultat : on se retrouve souvent démunis face à la disparition, sans savoir comment accompagner, consoler, honorer.
Une peur omniprésente… mais peu exprimée
La peur de la mort est humaine, universelle. Mais en France, on a tendance à la refouler plutôt qu’à l’exprimer. L’humour noir, les euphémismes (“partir”, “s’éteindre”, “nous a quittés”) ou le silence sont nos mécanismes de défense préférés.
Mais cette peur alimente un malaise profond : celui de ne pas savoir comment en parler, comment l’affronter, comment accompagner ceux qui en souffrent.
Et si parler de la mort nous aidait à mieux vivre ?
Et si, au lieu de la fuir, il faudrait apprendre à faire une place à la mort dans nos vies ? De plus en plus de voix s’élèvent pour remettre la mort au cœur du dialogue social et intime.
Des initiatives voient le jour : podcasts, livres, accompagnements au deuil… Elles permettent de créer du lien, de partager des expériences, de briser l’isolement. Parler de la mort, c’est aussi parler de la vie, de nos valeurs, de ce qui compte vraiment.
Oser la conversation
Parler de la mort avec ses proches, c’est souvent difficile. Mais c’est aussi un acte de tendresse, de lucidité, de préparation. Cela peut prendre la forme d’un souvenir partagé, d’un souhait exprimé, d’un simple “Et toi, qu’en penses-tu ?”.
Ce n’est pas morbide. C’est profondément humain.
Conclusion : la mort, un sujet à apprivoiser
Le tabou de la mort en France est bien réel, mais il n’est pas une fatalité. En renouant avec la parole, en recréant des rituels, en acceptant l’inconfort de ces discussions, nous pouvons rendre ce sujet un peu moins effrayant, un peu plus familier.
Car au fond, parler de la mort, c’est parler de ce que nous sommes, de ce que nous aimons, et de ce que nous laissons derrière nous.
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